Bananier - musa

Le bananier est une plante herbacée vivace, tropicale, produisant des fruits nommés bananes, dont certains variétés sont en capacité de croître, fructifier, et se reproduire dans des climats gélifs dans le sud de l'Europe, sous certaines conditions.

Il est nécessaire de suivre un schéma particulier de culture du bananier fruitier “rustique” - loin de sa contrée d'origine - dans toutes les régions gélives dont les zones de rusticités admises correspondent aux variétés choisies.
Dans les zones défavorable, seul un microclimat particulier naturel, ou artificiel en recréant ce dernier (plans d'eau, serres semi enterrées, murs, baies vitrées…), permettra l'implantation de ladite variété rustique.

Le bananier fruitier est une espèce en cours d'acclimatation au climat européen, et n'est pas en mesure d'y survivre partout.
En outre, pour les régions adaptées, quelques précautions impérieuses s'appliquent.

Dans les contrées gélives, beaucoup font l'erreur - habitués à planter des fruitiers “communs” en automne - de planter en pleine terre leurs bananiers à l'aube de leur premier hiver, entrainant des conséquences sérieuses, contres-productives, et potentiellement mortelles.

Bien que certaines variétés de plants adultes puissent résister à un certain niveau de gel du stirpe, il n'empêchera que ce gel retardera leur floraison sur la saison chaude, impliquant de fait leur fructification, mais surtout, perturbera très fortement leur cycle de croissance.

Lors du premier hiver du bananier fruitier dit “rustique”, il ne faut prendre aucun risque vis à vis du gel, aucun pied de moins d'un an n'étant suffisamment fort pour y résister sans avoir de séquelles !
En cas d'exposition au gel d'un trop jeune bananier, le stirpe aura un retard de croissance considérable, entraînant une faible résistance au gel sur l'hiver suivant.
Ce phénomène se répètera alors encore et encore, tel un cercle vicieux.

Il est impératif sous les latitudes européennes, dans les zones de limite de rusticité de la variété obtenue, de faire en sorte de conserver un jeune bananier de variété “rustique”, en pot, en intérieur chez vous dès leur premier hiver.
Afin que les feuilles s'habitudent progressivement à une exposition au soleil, il est ensuite conseillé de les sortir progressivement sur les journées non-gélives et ensoleillées du printemps, soit de les laisser en serre. On peut également opter pour un cumul de deux voiles P17 pour gagner plusieurs °C.

Un pied déjà fort, avec un bulbe bien développé, donnera des rejets qui pousseront beaucoup plus rapidement et ne seront pas ou peu concernés par cette problématique, ayant la possibilité d'atteindre à temps un stade de croissance suffisant pour être autonome ou presque, selon votre zone de rusticité, microclimat local, prévisions météorologiques, et leur tolérance au gel. (Il vous faudra donc arbitrer selon votre situation)

Le challenge est donc d'obtenir un pied et bulbe racinaire presque adulte ou l'étant, avant le deuxième hiver, dans la vie d'un bananier fruitier “rustique” nouvellement obtenu.

Il vous faudra préparer les planches de culture du bananier en amont, car la plante est gourmande !

Ainsi, idéalement, dès la fin de l'été précédent l'année de plantation, vous prendrez soin d'aérer/décompacter la terre.
Il ne faut surtout pas la retourner avec une bêche ou un motoculteur, ce qui détruirait la grande majorité des interactions organiques positives, facteurs d'importance pour la vigueur des plantes.
Afin de décompacter le sol, l'on peut utiliser une fourche-bêche (plus communément appelée grelinette) comme outil à main, une campagnole (même principe et beaucoup moins physique), ou une sous-soleuse équipant un engin agricole motorisé, pour de plus grandes surfaces de culture.
Si vous le pouvez, vous apporterez en surface, une petite couche de compost, et de 15 à 30 cm d'épaisseur de broyat de déchets organiques, à ne pas confondre avec du BRF - sauf si vous n'avez accès qu'à ça - à réserver dans l'idéal pour vos allées entre les planches, évitant ainsi d'y laisser un sol à nu !

Vous arroserez une seule fois, abondamment, tout en apportant un peu d'humus de sous-bois à mélanger avec votre broyat ou BRF, pour ensemencer et stimuler la vie du sol.

Fin septembre/début novembre, vous prendrez ensuite soin de semer vos engrais verts.
Si votre climat vous permet de semer de la fève en début d’automne, faites vous plaisir, vous bénéficierez ainsi de sa production alimentaire.
Dans le cas contraire, vous devrez vous tourner vers la féverole, la vesce, l'avoine, etc…

Afin de laisser le temps aux bactéries fixant l'azote atmosphérique, de s'installer, et le cycle des engrais verts rendre biodisponibles les nutriments dans le sol issus des engrais verts, vous pourrez dès le début de mise en place des planches de cultures, y apporter régulièrement votre propre engrais naturel biodisponible immédiatement pour les plantes : de l'urine diluée dans 10 fois son propre volume d'eau !

Pensez si nécessaire à rempoter vos bananiers en pot durant l'hiver en intérieur pour favoriser le développement de leur systèmes racinaire !

Passé les risques de gelées les plus forts selon votre région, vous devrez faucher/débrousailler (en laisser la biomasse disponible, sur place) les engrais verts, puis planter vos bananiers qui auront bien grandi durant leur premier hiver au chaud, avec du compost bien mûr, autant de temps que possible avant les saints de glace - habituellement le 15 mai - si le risque de gel est très faible (voir la météo sur 15 jours et les tendances) afin de favoriser leur enracinement.
Vous pouvez également ne planter qu'une partie de vos bananiers, pour minimiser les risques)

Le bananier est, rappelons le, une plante tropicale très gourmande en eau, appréciant un sol frais en été et suffisamment drainé en hiver, ainsi qu'une exposition ensoleillée, et l'humidité.
Il ne faudra pas hésiter à installer un arrosage automatisé de type goutte à goutte, et optionnellement si l'on peut se le permettre, quelques pulvérisateurs pour apporter occasionnellement de l'humidité sur leurs parties aériennes (attention toutefois au choc des températures, ne pulvérisez pas l'eau d'un puits un jour de canicule à 43°C, mieux vaut programmer l'arrosage ou la pulvérisation la nuit dans ce cas de figure), et les accompagner de plantes couvre-sol supportant la mi-ombre, capables de remonter des nutriments en profondeur du fait de leur forte et longue racine pivot, comme la consoude naine et la consoude B14 (qui se multiplient par bouturage des racines mais donnent des graines stériles, ce qui permet d'en contrôler la prolifération).

Vous pouvez éventuellement envisager de cultiver des fraisiers géants (Gigantella/Maxim [non-remontant, énormes] et Maestro [remontants, taille moyenne]) et des framboisiers remontants sans épine appréciant la mi-ombre (“Versailles” est une bonne référence) mais il faudra dans ce cas éviter la consoude B14 qui sera trop grande pour elles et les accompagner de consoude naine uniquement)

-1 : couper les feuilles courant Novembre, avant les gelées dans tous les cas (surveiller les prévisions météorologiques) et prélever tout éventuel trop jeune rejet qui ne passerait pas l'hiver, afin de le préserver chez vous au chaud (principe de précaution pour ne pas perdre la variété en cas de problème avec le pied mère), ou simplement multiplier la variété par plaisir pour la partager.

-2 : installer 3 tuteurs (des bambous peuvent faire l'affaire) équidistants autour de taille à peine supérieure au bananier feuilles coupées, au moins à 30 cm de distance du plant.

-3 : pailler au sol avec du BRF/broyat, en grosses quantités. (Autour de 30cm de hauteur sur 80cm de diamètre autour de la souche)

-4 : installer un grillage enroulé autour des tuteurs, puis remplir (idéalement) de feuilles sèches, et enrouler le grillage de deux tours complet de haut en bas de voile de forçage P17. (Il ne doit pas y avoir de trou au dessus sans voile) - On peut ficeler le tout pour plus de rigidité.

-5 : remettre 4 tuteurs un peu plus grands, équidistants à 30cm de ceux existants.

-6 : installer un manchon imperméable (par exemple une bâche), comme une capote à l'aide de ces derniers, sur 1/4 de hauteur maximum pour que le bananier puisse respirer tout en protégeant la souche de l'eau tombant du ciel.
Il est très important de préserver de l'eau, autant que possible. Sinon les protections ne serviront à rien si tout est trempé en cas de gel et elle n'éviteront pas le gel du stirpe du bananier.
Tout comme un pull mouillé n'a aucune efficacité face au gel, il faut dont les isolants permettant une respiration/transpiration (sans imperméabilité intégrale), comme un bon «parapluie», que l'on peut même installer comme une toile extérieure de tente avec des piquets et dont les extrêmités sont plus proches du sol qu'un simple «capuchon».

-7 : Libérer ensuite les bananiers entre mi-Avril et mi-Mai, selon les prévisions météorologiques sur 15 jours.

Lors de son deuxième printemps, le bananier devrait commencer à émettre de souche des plants forts qui se développeront rapidement tout au long de cette année, et qui prendront le relais l'année suivante, que vous protégerez ou pas,selon vos envies, climat, et expérimentations.
Avec un peu de chance, la floraison interviendra en fin de printemps ou début d'été sur le premier stirpe - un bananier étant relativement hasardeux pour sa floraison, il est rappelé qu'ils fleurissent à tout moment de l'année dans leur région d'origine - pour une récolte des fruits entre Septembre et Novembre.
Cette dernière, en cas de floraison un peut trop tardive, pourra intervenir avant la pleine maturité des fruits si la situation l'impose, qui, étant climactériques, muriront en intérieur, à l'abris. Prenez toutefois en compte que plus la récolte sera précoce, moins le câlibre et les arômes des fruits seront développés.

Une fois la mise à fruit effectuée et les régimes de bananes récoltés, vous pourrez couper immédiatement le stirpe du bananier à ras, et à ce moment là, vous couperez également à ras les consoudes dont vous laisserez la matière sur place, et effectuerez dès le moment opportun, des semis d'engrais verts (fèves, vesce, féverole, avoine, etc…) que vous faucherez lorsqu'apparaîtront de jeunes rejets, pour relancer un cycle.


Astuce de multiplication :

Si vous souhaitez favoriser au maximum l'apparition de rejets, vous pourrez en outre couper d'une croix à ras du bulbe, le bourgeon apical du stirpe (variante de la méthode de multiplication PIF, en pleine terre), afin que le système racinaire émette par la suite de multiples rejets, pouvant être installés en pot et rentrés chez vous avant les premières gelées. Vous pourrez ensuite réitérer l'accompagnement et l'installation du jeune bananier et sa souche, jusqu'à ce qu'il soit adulte, comme son pied mère.

Une fois que vous aurez suffisamment de plants à votre goût, vous pourrez vous permettre le luxe d'en laisser un certain nombre passer l'hiver dehors sans trop vous en occuper, avec une chance que les bonnes années, un certain nombre fleurissent au bon moment pour obtenir des fructifications sans efforts.

Fertilité et croissance :

Avec le temps, beaucoup de champignons et mycélium devraient apparaître dans les planches de cultures, ce qui sera signe d'un sol plein de vie, au grand nombre d'interactions positives entre les différents organismes, permettant d'améliorer la croissance des plants et leur productivité. Continuez d'amender régulièrement le sol selon les besoins. Un sol doit, pour être fertile, être nourri de matières organiques, carbonnées, et azotées.
Les besoins en phosphore et en potasse, pourront être comblés par des apports occasionnels d'urine.

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